mardi 20 décembre 2011

Dans la peau d'un prof

Parce qu'il faut le rappeler quand même. La veille, tu es un étudiant insouciant à traiter tous tes profs de tous les noms, à te tâter si tu vas faire l'effort de venir en cours ou pas, à te lamenter parce que tu bûches sur tes partiels. Tu fais tes lessives le week-end chez maman, tu te lèves à midi, tu manges saucisse-frites-pizza-McDo, tu pompes tes exposés sur internet.

ET UN JOUR, CE FUT LE PREMIER SEPTEMBRE...

Et tu es prof. Censé exiger de tes élèves tout ce que tu t'es appliqué à ne pas faire depuis plus de dix ans.
Et essayer aussi de leur apprendre quelque chose.
Sauf que tu ne sais pas comment faire.
Parce que ta formation commence le 5 septembre. Et ouais, c'est ballot.

Je tiens quand même à rappeler que je fais partie de l'ancienne génération de profs, ceux qui avait une formation certes discutable mais qui avait au moins le mérite d'exister et de nous permettre de souffler et de faire une bonne thérapie de groupe deux jours par semaine.

Objectif: ne pas passer pour un débutant qui n'y connaît rien devant des élèves qui verront là une excellente occasion de transformer la salle de classe en annexe de la cour de récréation.
Objectif n°2 : ne pas passer toi-même pour un élève (si tu as la chance de travailler en lycée ou si comme moi tu fais moins que ton âge et qu'un mètre soixante).

Quand tu entres en salle des profs, tu as vaguement l'impression d'un flottement, avant que les collègues comprennent que tu es "le/la stagiaire" et pas un élève de terminale s'est trompé de porte. Tu les écoutes parler des élèves de l'an dernier que tu n'as pas eus, des résultats des examens que tu n'as pas corrigés, de leurs enfants que toi tu n'as pas encore (et que tu n'es pas près d'avoir vu que le jeu des mutations t'a exilé à 200 kilomètres de ton/ta moitié(e)).

... un grand moment de solitude...
Et c'est ce jour-là que tu réalises qu'il faudra tous les jours endosser un costume de prof pour faire ton numéro. Parce que tu as beau avoir à peine plus de vingt ans, tu es passé dans le camp des "vieux". Les "jeunes", maintenant, c'est eux, les vingt-cinq (dans un monde parfait, hein, parce que souvent il faut en rajouter dix) noms que tu vois sur la liste et que tu t'entraînes à prononcer pour éviter de ruiner ton autorité dès le départ en écorchant un nom.

Je suis une mauvaise prof. A mon premier jour, j'ai écorché le prénom d'un élève de 4ème. Fou-rire général. J'ai passé une année horrible avec cette classe. En plus, on m'a confondue avec une élève de 5ème. VDM.

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