lundi 24 septembre 2012

Petits soucis matériels

Tout a commencé par une histoire de clés.
Dans mon établissement, si vous avez la clé d'une salle, vous pouvez a priori ouvrir toutes celles d'un étage. C'est fait pour, pour les urgences: si il y a un problème avec votre salle, vous en trouverez bien une à côté qui est inoccupée.
Sauf que depuis la création de ce système, bien des choses ont évolué: serrures cassées et changées, serrures antédiluviennes capricieuses...

Quelques exemples.

Situation 1: Mme Mélu a trop de la chance, sa salle va être refaite à neuf. Mais pendant ses heures de cours. Ce serait trop simple sinon. Donc je dois jongler avec toutes sortes de salles pour pouvoir faire cours, sur trois étages différents. Pendant six semaines.

La responsable des clés sort son immense trousseau de secours pour me confier un exemplaire de chacune des deux clés qui me manquent, presque à contre-coeur d'ailleurs car "on n'en a pas beaucoup des clés, alors vous nous les rendrez bien quand les travaux seront finis!!!"
Me voici donc en la précieuse possession de:
- la clé du couloir d'Histoire
- la clé du couloir de Maths
- la clé du couloir de Français puisque je peux parfois emprunter la salle des collègues, juste à côté.

 
 Arrive le lundi où ces clés entreront en action. Je commence par le couloir des maths. Heureusement, j'ai pris les devants: il est 7h30. 
J'introduis la clé dans la serrure. Impossible de la faire fonctionner. Dans tous les sens, soit elle tourne dans le vide, soit elle ne tourne pas du tout. Après cinq bonnes minutes à m'acharner, j'attrape une femme de ménage pour lui demander de l'aide (elles ont les clés de partout, ces sauveuses!).
"Ah mais c'est normal, cette salle, la serrure est trop vieille, la plupart des clés ne marchent plus avec!"
 
En même temps, voyant la clé, on se demande si on est dans un collège ou dans un monastère...

Deuxième essai le lendemain matin, couloir de Français. Là, je ne me fais pas de soucis: ma clé, je la connais, elle marche! 

Hum, visiblement, pas sur cette porte-là.

"Ah mais non, cette porte-là, c'est la seule à ne pas marcher: on a fait refaire la serrure, elle a sa propre clé".

Mouais mouais... les infos passent drôlement bien...

Heureusement, la porte de la salle d'histoire s'est ouverte sans encombre.
Comme quoi, un prof doit avoir son propre serrurier à portée de main. 
Surtout la semaine dernière.

Situation 2: en revenant d'une tournée de photocopie dans MA salle (flambant neuve, donc), je suis dans l'impossibilité d'ouvrir la porte. Et oui, on l'a repeinte, mais pas changée, cette porte, et la serrure a rendu l'âme, lâchant une énorme vis qui avait solidement soudé la porte à son cadre
Il a fallu que le principal vienne enfoncer la porte pour que je puisse entrer. 
En plus, il y avait mon sac et mes clés de voiture dans ma salle. Bloquée au collège par une serrure rebelle!!!
Prof, un métier d'action...

lundi 17 septembre 2012

Le Français est un outil pour toutes les autres matières... qu'y disait!

Après une semaine de cours, mes chers élèves commencent enfin à se lâcher!
Bon, pour les 6èmes, cela se manifeste par deux ou trois rappels des règles élémentaires : 

Oui, ce que je marque au tableau après "Français - pour lundi 17 /09", c'est des devoirs et oui, il faudra les faire.

Non, ce n'est pas parce que tu cries plus fort que moi que je vais t'écouter plus.

Non, "je suis allée faire les courses avec maman et après il y avait des invités donc je me suis couchée tard alors j'ai pas pu faire mes exercices de conjugaison" n'est pas une excuse valable pour ne pas faire ses devoirs.

Oui, je te parie tout ce que tu veux que tu peux travailler tout aussi bien en étant assis sur ta chaise. Et au passage, assis signifie les fesses sur l'assise et le dos contre le dossier, et pas autrement.

Le pire, c'est qu'ils sont en toute bonne foi, ces petits chéris. Et en général, il suffit d'une ou deux semaines pour que les choses se mettent à tourner tout seul. Même si parfois je me demande si certains professeurs des écoles ne devraient pas nous transmettre leurs habitudes de fonctionnement pour éviter de voir un élève se lever au beau milieu du cours pour aller tailler son crayon dans la poubelle ("Ben je vais pas le faire sur ma table!") rapport au fait qu'il pouvait se déplacer librement dans la classe en CM2. Vécu.

Pour les 3èmes, ce sont les fameuses perles que j'affectionne tant: eh oui, dans les cours de Mme Mélu, on parle. Beaucoup. Que voulez-vous, je suis une mauvaise prof : je ne parviens tout simplement pas à faire cours en savourant le silence religieux de mes élèves. Je les encourage même à exprimer leurs impressions et leurs incompréhensions, même dans une langue approximative, arguant qu'à nous tous, nous trouverons bien un moyen de le formuler correctement.
Conséquence inéluctable: leurs mots ont parfois tendance à dépasser leur pensée.

Mélu: Allez, révision express, il existe deux sortes de verbes. Les verbes d'action et les verbes...?
Elève en pleine réflexion: les verbes d'histoire?
Mélu: Non, non, en histoire, vous utilisez les mêmes verbes qu'en français. Et scoop, en maths et en SVT aussi!

Oui, d'accord, la blague était facile. Mais elle me rappelle une autre anecdote plus ancienne: avec une stupeur non dissimulée, j'avais découvert que les élèves écrivaient en introduction de leurs problèmes de mathématiques "Je sais que". Or, je m'arrachais les cheveux en soulignant trois fois en rouge leurs indécrottables "Je ne c'est pas" dans les copies de français. Un jour, je leur ai carrément posé la question et la réponse m'a scotchée:

"Mais enfin madame, c'est normal qu'on ne l'écrive pas pareil, c'est pas dans la même matière!".


lundi 10 septembre 2012

Brèves de salle des profs: question d'onomastique

A une semaine de la rentrée, les élèves sont encore impressionnés et pleins de motivations, ils se conduisent bien et ne rendent pas nos journées très folichonnes. Et oui, le 10 septembre, les élèves sont sages.

Ce n'est pas le cas des profs. 

Film Bad Teacher 

Qui retrouvent avec une lassitude non dissimulée les petits travers de leur établissement, comme la machine à café qui crache plus de mousse que de café, ou les estrades grinçantes des années 70. 

Et en tête de tous le NOM de notre collège. 
Car nous avons la particularité d'avoir pour nom de notre établissement celui d'un obscur journaliste et écrivain qui a dû certes marquer son temps dans notre région, mais qui fait bien peu rêver aujourd'hui. 
Imaginez un peu : le collège Raymond Dumay.


Mouais. Pour la plupart des gens, le collège Michel Dupond serait tout aussi parlant...

Alors on y met du fun comme on peut. On a appris récemment de la part de nos anciens élèves, bien plus imaginatifs que nous, que de nombreux détournements permettaient de lui donner un peu de ronflant, à bas de "Raymond Du-met un doigt dans son..."

Oui, je sais c'est nul. Mais ça déchaîne les salles des profs, qui se mettent immédiatement à imaginer une statue à l'effigie de ce prestigieux patronyme. Oui, nous sommes visionnaires et plein d'idées pour égayer nos journées.


Parce que nos élèves le connaissent bien, le Raymond. Il faut dire que sur chaque carnet de correspondance figure son portrait, grave, en plus gros que la photo même de l'élève. De quoi inspirer...

"Vous savez qui est Raymond Dumay?
- Ba ouais, c'est le mec à Berthe Morisot!"

Ah oui, petit détail. Le lycée de secteur, situé juste en face du collège, s'appelle le lycée Berthe Morisot. Les raccourcis vont vite.

N'empêche!!! Le lycée Berthe Morisot, ça fait quand même plus classe que le collège Raymond Dumay. Et quand j'y pense, moi qui ai vu passer des lycées et collèges Champollion, Louise Michel, Marie Curie, Aliénor d'Aquitaine, Stendhal, Jacques Prévert, Jules Ferry, sans parler du mythique Henri IV.

J'ai même vu, un jour, un collège du 8 mai. Avouez que ça en jette, non?

 
Je maintiens que ça a un rôle essentiel dans la réussite éducative



Alors nous avons lancé une idée, comme ça, un peu comme on jette un statut Facebook. Quel nom pour notre collège?

Et c'est là que notre collègue de mathématiques a dit qu'il y avait pire: certains élèves vont par exemple au collège Anne Frank. Glauque.

Il n'en fallait pas plus pour déchaîner notre esprit tordu délavé à l'humour noir. Nous avons ainsi proposé successivement:

Le collège Michael Jackson (and don't matter if you're black or white... or both!)

Le collège Claude François (avec préparation du BEP électricien).

Le collège Coluche (avec option sécurité routière)


Et pourquoi pas demander aux élèves? Quelle joie après tout d'étudier au collège Justin Bieber!

Pour ma part, je suis assez partante pour le collège du 1er mai. 

TOUTE SUGGESTION BIENVENUE!


mardi 4 septembre 2012

Rentrée en fanfare!



Après m'être délecté de mes deux mois de repos, me voici de retour sur le chemin de l'école. 

De la pré-rentrée, à part le café et les petites viennoiseries, j'en retiendrai surtout un ou deux petits problèmes qui en promet de beaux et gros en temps et en heures.

Dans sa grande mansuétude, notre ministre a décidé de nous allonger les vacances de la Toussaint à deux semaines complètes. Sympa, le mec!
 
Mais le cadeau n'est pas gratuit, non-non. Ce jeudi et ce vendredi  de cours, il faut les rattraper! Naïvement, je pensais que nous allions travailler jusqu'au 7 ou 8 juillet, puisqu'on n'est plus à ça près tant que les conseils de classes commenceront le 8 juin. 
Alors oui, les élèves viendront en classe jusqu'au vendredi 5 juillet inclus: et de une journée de récupérée!

Et pour l'autre? Facile! On prend deux mercredis dans l'année, et on vient l'après midi! Et roulez, jeunesse!
Rappelons que c'est un jeudi qu'il faut rattraper, soit les cours que les élèves ont le jeudi (c'est important, surtout pour les collègues qui ne voient les élèves qu'une fois dans la semaine comme la SVT ou l'éducation musicale). Donc ledit mercredi, les élèves auront le matin leurs cours habituels du mercredi, puis l'après-midi, les heures de cours d'un jeudi matin. Pour enchaîner le lendemain sur un autre jeudi (le vrai, celui-là)
Et la fois suivante, cours du mercredi matin-cours du jeudi après-midi, suivi d'encore un jeudi. Vous êtes perdus? Rassurez-vous, nous aussi, eux aussi, et ça promet de sacrés cafouillages à ce moment-là.

Mais ce n'est pas tout. Jusqu'à présent, notre académie avait un système tout simplement génial: prévoyant le jeudi de l'Ascension, où les parents d'élèves décident d'autorité de faire le pont (car qui se priverait d'un week-end de quatre jours au mois de juin?), elle nous permettait de rattraper ce vendredi de pont en reprenant les cours un jour plus tôt, soit le mercredi et non le jeudi, à la Toussaint. Brillant!
Mais avec ce rallongement des vacances, cette petite manip devient impossible. Nous voilà donc promis à une drôle de semaine en mai: lundi et mardi en cours, mercredi (8 mai) férié, jeudi (Ascension) férié et vendredi en cours. Je prends dores et déjà les paris sur les taux d'absentéisme de cette journée...


Une fois ce programme de réjouissance découvert, Mme Mélu, professeur principal de 6ème, vêtue de ses plus beaux atours et de son sourire ferme et rassurant, se voit confier la délicate tâche de les accueillir et de passer toute leur première journée avec eux sans les traumatiser mais en leur faisant comprendre que ça rigole plus!
Alors évidemment, ce premier jour, ils sont impressionnés, ils me regardent avec de grands yeux pleins d'appréhension, d'attente, dans lesquels on lit la moindre question et le soulagement d'avoir une réponse.
Élèves en classe 
 Est-ce que ma carte de cantine va fonctionner? Est-ce que le prof d'histoire est aussi méchant qu'il en a l'air? Est-ce que Mme Mélu écrira toujours aussi mal au tableau?

Et en 6ème, on rencontre des élèves sur lesquels on a pas pu être prévenu. Notamment les fameux primo-arrivant, autrement dit ceux qui ne parlent pas français. D'où des séances d'appel assez surréalistes:

Mélu: Comment t'appelles-tu?
Elève: Oui, oui
Mélu: Tu viens d'où?
Elève: Heu... oui?"

Ou même des drôles de fugitifs.
Mélu: Bon, on est tous là mis à part une absente, Latika Akitja
Elève: M'dame, c'est moi...
Mélu: C'est toi Latika?
Elève: Oui.
Mélu: Pourquoi tu n'as pas répondu quand j'ai fait l'appel?
Elève: J'ai pas écouté...
Mélu: Bon, tu me rappelles ton nom de famille??
Elève: Guma.
Mélu: ??? Et ton prénom, juste pour vérifier la prononciation?
Elève: Diana.
Mélu: ???

Et quelques minutes plus tard...
Toc toc!
Surveillante: Vous n'auriez pas une élève en trop? Diana Guma? Parce qu'elle est censée être dans la classe à côté, on la cherche depuis ce matin...

On s'est ensuite rendue compte que Latika était bien absente, et que Diana, ne connaissant pas assez le français pour saisir ce qui se passait lors de la répartition des élèves dans les classes, s'était incrusté dans ma classe à mon insu et ne comprenant pas vraiment ce que je lui disais, avait déduit que c'était d'elle que je parlais...


ZEN RESTONS ZEN
 Bonne année à tous !