lundi 4 février 2013

Where no pupil has gone before...

Nous avons eu, mes collègues et moi, la bonne idée d'interroger nos élèves de 3ème sur la science-fiction dans le (sacro-saint et redouté) brevet blanc.
Enfin, interroger...
Leur proposer de lire un texte de science-fiction et de trouver qu'il s'agissait d'un texte de science-fiction, la présence des mots "planète" et "astronef" devant leur mettre assez subtilement la puce à l'oreille.

Car vous l'ignorez peut-être, mais le D(iplôme) N(ational) du B(revet) nous offre en 2013 sa toute nouvelle mouture. Dans laquelle ils ont osé commettre une horreur.
Nan mais une vraie.
Ils nous demandent d'interroger les élèves sur des questions de CULTURE.
 

Genre le truc qui s'apprend pas dans le cahier et qui oblige à éteindre Facebook ou les Frères Scott de temps en temps (et non Sexion d'Assaut ne compte pas).

Alors pour le premier coup, on a fait soft en se disant que bon, reconnaître l'univers austenien ou les références aux grandes dictatures du XXième siècle dans la littérature était un peu ambitieux pour des jeunes qui pensent que François Mittérand était contemporain de Victor Hugo et que les Chtis à Las Vegas sont un symbole de réussite sociale, donc nous avons choisi de leur demander de reconnaître ce qui dans le texte relevait du film d'horreur futuriste (des fois que l'un d'eux ait l'idée lumineuse de regarder Alien ou La Planète des Singes (mais pas celui de Burton) (quoi que c'est toujours mieux que rien comme point de départ))

A notre grand soulagement, la question n'a pas semblé trop leur poser de problème. 

Mais l'arbre masquait la forêt. Dès la question grammaticale suivante.

Q: "Relevez deux comparaisons et expliquez leur rôle dans l'impression d'horreur que produit la planète".
R: "Les deux comparaisons sont "comme un serpent" et "comme un caméléon". Cela crée l'horreur car on compare avec des insectes et personne n'aime les insectes, ça fait peur.

Ca me rappelle vaguement ma collègue de SVT qui se plaignait que les 6èmes classaient spontanément le lézard parmi les plantes...

Mais le pire, comme toujours, tient dans la rédaction. Certains se plaignent que les jeunes ne savent pas faire une phrase sans y outrager vingt-huit fois l'orthographe. Moi, j'aimerais parfois que ce soit le seul problème.

Premier sujet: les élèves devaient écrire un texte de réflexion expliquant s'ils aimaient ou pas les livres et les films de science-fiction.

Outre le fait que certains n'ont pas compris que "de science-fiction"portait autant sur les films que sur les livres et se sont empressé d'écrire un texte expliquant pourquoi ils n'aimaient pas les livres (l'occasion était trop belle!), d'autres ont soigneusement expliqué ce qui ne leur plaisait pas dans Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux.

Je vous rappelle, hein: "astronef", "planète"...

Le deuxième sujet demandait aux élèves de raconter la suite et la fin de l'histoire de ce navigateur, bloqué sur une planète hostile suite à la panne de son astronef.

Et là...

Voici un petit texte type de tout ce qui m'a poussé à conclure que ces élèves avaient dû rater quelque chose au cours des quatorze dernières années.

Le navigateur se lance donc dans l'exploration de la planète horrible et hostile. Il découvre une grotte, bien pratique pour qui a besoin de s'abriter. Le navigateur l'explore donc, dans ses moindres recoins, puis il monte à l'étage (oui, sur cette planète, les grottes ont des étages). C'est alors que le navigateur tombe nez-à-nez avec une créatures horrible et hostile (notez la richesse du vocabulaire). Mais alors qu'il pense qu'elle va le dévorer, elle se est en fait gentille et ils deviennent amis. Le navigateur se dit alors que la créature pourrait l'aider à réparer son astronef. Il ramène donc son astronef (en panne, rappelons-le) dans la grotte (à la force de ses petits bras, donc). Et alors que le navigateur regarde ailleurs, la créature répare l'astronef (comment? et ben tu sauras pas!) Le navigateur quitte donc la planète en laissant la créature. Il rentre sur Terre montrer les photos qu'il a pris de la créature. Quelques années plus tard, le navigateur décide de retourner voir la créature, mais arrivé sur la planète horrible et hostile il se rend compte que la créature est morte car elle était très vieille. Donc il décide de repartir mais il ne trouve pas la sortie (de la planète? essaye vers le haut, on ne sait jamais...). Mais au bout d'un moment, il trouve la sortie sans faire exprès et peut rentrer.

Musso et Lévy, accrochez-vous, la relève est assurée...

3 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Il trouve la sortie sans faire exprès ? miraculum est !!!! :)

froprof a dit…

ahaha. J'ai bien ri.

Anonyme a dit…

trop fort ! j'adore !
pauvre très vieille créature horrible et hostile mais en fait gentille qui répare les astronefs par la force de sa pensée...et qui ne reverra jamais son ami le navigateur.
retour vers le futur n'est pas de leur génération...

remplacement de l'année dernière : "les végétaux ne sont pas vivants" en 2nde... no comment.

ness