lundi 8 avril 2013

Sortez une feuille, dictée!

La dictée fait partie des exercices aussi redoutés que sacralisés. Regardez d'ailleurs autour de vous: la plupart des gens sont d'accord pour dire que l'orthographe, c'est difficile, mais que faire des fautes, quand même, ça craint...

Pour ma part, je la fais descendre un peu de son piédestal et je n'insiste dessus qu'avec les 4ème et les 3ème où elle prend du sens au vu de l'approche de l'examen du brevet où une dictée de vingt lignes notée sur 6 malheureux points fait trembler nombre de collégiens.

Quelle n'a pas été ma surprise, en conseil de classe de 6ème, d'entendre la déléguée des parents d'élèves me dire:
"Les parents trouvent qu'ils ne font pas assez de dictée. Parce qu'ils écrivent mal".

Chère madame. Croyez-vous sincèrement que lorsqu'un élève arrive en 6ème, à douze ans, en faisant trois fautes par mots, une dictée par mois aura un effet miraculeux et le transformera en Bernard Pivot Junior? C'est être bien optimiste... A mon sens, cela ne servira qu'à le fâcher avec sa moyenne et à le faire douter de sa propre langue: il est déjà bien difficile pour eux d'arriver à écrire correctement les mots qu'ils comprennent et utilisent, imaginez une seconde ceux qui leurs sont étrangers.

 Ainsi la phrase "il ne l'avait jamais vu auparavant" devient en copie "il ne l'avait jamais vu au paravent".
Et le verbe "ondoyer" devient "ondouailler" avec une rigueur exemplaire, non?

Mais c'est justement chez les 6ème que les réactions face aux dictées sont les plus violentes.

"Kevin, ça fait trois fois que je répète la phrase et tu ne l'as toujours pas écrite.
- Oui, je sais!
...
- Kevin, tu as deux phrases de retard, à quoi tu joues?
- Oui, nan mais je sais!
...
- Kevin, trois phrases de retard!
- Oui, je sais.
...
- Bon, on a terminé, je relis tous le texte depuis le début. Kevin, profites-en pour rattraper un peu le retard.
- Oui, oui.
...
- Bon, je vous laisse relire tranquillement pour chercher vos fautes.
Kevin lève la main:
- Madame, ya quoi déjà après "princesse"?
Et Mme Mélu qui se retient de jeter Kevin par la fenêtre en constatant qu'il s'est bien arrêté à la première phrase.
Et lors de la correction de ladite dictée:
Kevin: M'dame, pourquoi j'ai zéro? J'ai que 3 fautes!
Le concept même de la dictée semble donc leur échapper.

Au fait, savez-vous quelle est la première question que posent les 6ème, quand on commence la dictée?
-Madame, les fautes d'orthographe, ça compte?

4 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Et Dieu créa l'élève de 6° pour que Mme Mélu se marre aussi ! :)

vieille bique a dit…

est ce vrai que les enfants ont le "déclic " de l'orthographe qu'en 3ème justement??? (dixit principal du collège de grand biquet acquiescé (ortho?) par le cpe présent et un prof) et par quel miracle? et pourquoi certains ne l'ont jamais pas plus à 30 qu'à 14 ans????
merci m'am Mélu

Zorgy a dit…

Au moins Mme Mélu ne note pas en-dessous de zéro... Certains de mes camarades avaient des -33 à certaines de leurs dictées !

Anonyme a dit…

Mme la prof, comment on apprend l'orthographe à nos bambins sans les dictées....pour ma part, j'ai fait faire des dictées à mes filles depuis le CP et ce fut très positifs...