Après m'être délecté de mes deux mois de repos, me voici de retour sur le chemin de l'école.
De la pré-rentrée, à part le café et les petites viennoiseries, j'en retiendrai surtout un ou deux petits problèmes qui en promet de beaux et gros en temps et en heures.
Dans sa grande mansuétude, notre ministre a décidé de nous allonger les vacances de la Toussaint à deux semaines complètes. Sympa, le mec!
Mais le cadeau n'est pas gratuit, non-non. Ce jeudi et ce vendredi de cours, il faut les rattraper! Naïvement, je pensais que nous allions travailler jusqu'au 7 ou 8 juillet, puisqu'on n'est plus à ça près tant que les conseils de classes commenceront le 8 juin.
Alors oui, les élèves viendront en classe jusqu'au vendredi 5 juillet inclus: et de une journée de récupérée!
Et pour l'autre? Facile! On prend deux mercredis dans l'année, et on vient l'après midi! Et roulez, jeunesse!
Rappelons que c'est un jeudi qu'il faut rattraper, soit les cours que les élèves ont le jeudi (c'est important, surtout pour les collègues qui ne voient les élèves qu'une fois dans la semaine comme la SVT ou l'éducation musicale). Donc ledit mercredi, les élèves auront le matin leurs cours habituels du mercredi, puis l'après-midi, les heures de cours d'un jeudi matin. Pour enchaîner le lendemain sur un autre jeudi (le vrai, celui-là).
Et la fois suivante, cours du mercredi matin-cours du jeudi après-midi, suivi d'encore un jeudi. Vous êtes perdus? Rassurez-vous, nous aussi, eux aussi, et ça promet de sacrés cafouillages à ce moment-là.
Mais ce n'est pas tout. Jusqu'à présent, notre académie avait un système tout simplement génial: prévoyant le jeudi de l'Ascension, où les parents d'élèves décident d'autorité de faire le pont (car qui se priverait d'un week-end de quatre jours au mois de juin?), elle nous permettait de rattraper ce vendredi de pont en reprenant les cours un jour plus tôt, soit le mercredi et non le jeudi, à la Toussaint. Brillant!
Mais avec ce rallongement des vacances, cette petite manip devient impossible. Nous voilà donc promis à une drôle de semaine en mai: lundi et mardi en cours, mercredi (8 mai) férié, jeudi (Ascension) férié et vendredi en cours. Je prends dores et déjà les paris sur les taux d'absentéisme de cette journée...
Une fois ce programme de réjouissance découvert, Mme Mélu, professeur principal de 6ème, vêtue de ses plus beaux atours et de son sourire ferme et rassurant, se voit confier la délicate tâche de les accueillir et de passer toute leur première journée avec eux sans les traumatiser mais en leur faisant comprendre que ça rigole plus!
Alors évidemment, ce premier jour, ils sont impressionnés, ils me regardent avec de grands yeux pleins d'appréhension, d'attente, dans lesquels on lit la moindre question et le soulagement d'avoir une réponse.
Est-ce que ma carte de cantine va fonctionner? Est-ce que le prof d'histoire est aussi méchant qu'il en a l'air? Est-ce que Mme Mélu écrira toujours aussi mal au tableau?
Et en 6ème, on rencontre des élèves sur lesquels on a pas pu être prévenu. Notamment les fameux primo-arrivant, autrement dit ceux qui ne parlent pas français. D'où des séances d'appel assez surréalistes:
Mélu: Comment t'appelles-tu?
Elève: Oui, oui
Mélu: Tu viens d'où?
Elève: Heu... oui?"
Ou même des drôles de fugitifs.
Mélu: Bon, on est tous là mis à part une absente, Latika Akitja
Elève: M'dame, c'est moi...
Mélu: C'est toi Latika?
Elève: Oui.
Mélu: Pourquoi tu n'as pas répondu quand j'ai fait l'appel?
Elève: J'ai pas écouté...
Mélu: Bon, tu me rappelles ton nom de famille??
Elève: Guma.
Mélu: ??? Et ton prénom, juste pour vérifier la prononciation?
Elève: Diana.
Mélu: ???
Et quelques minutes plus tard...
Toc toc!
Surveillante: Vous n'auriez pas une élève en trop? Diana Guma? Parce qu'elle est censée être dans la classe à côté, on la cherche depuis ce matin...
On s'est ensuite rendue compte que Latika était
bien absente, et que Diana, ne connaissant pas assez le français pour saisir ce qui se passait lors de la répartition des élèves dans les classes, s'était incrusté dans ma classe à mon insu et
ne comprenant pas vraiment ce que je lui disais, avait déduit que
c'était d'elle que je parlais...
Bonne année à tous !
2 commentaires:
Wahoo, ça promet !!! Bon courage !
Votre blog est un réel délice ! Étant en 3 ème année de lettres modernes et ayant en vue de devenir professeur, je me plais à découvrir le monde de l'enseignement à travers vos anecdotes et vos remarques qui m'en apprennent davantage et qui attisent ma curiosité.
Je vous souhaite une bonne année, et ne manquerai pas de continuer à suivre vos "péripéties" ! :)
Aurélie~
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