jeudi 17 décembre 2015

C'est comme la confiture...

Les élèves sont cultivés. Si-si. Simplement, ils ont une culture bien à eux. Et ils y tiennent. Ils ne ratent pas une occasion d'ailleurs d'y faire allusion.

Mme Mélu: Quel est le contraire d'une interrogation partielle?
Cindy: Complète?
Jean-Dylan: Entière?
Mme Mélu: Presque. C'est aussi une marque de station-essence...
Kevin: Esso!


Pierre-Lucas: Madame, Renart, c'est normal qu'il tue une poule vu que c'est un Renart. Si c'était une chèvre par contre...
Mme Mélu: Tuer une chèvre est plus grave que tuer une poule?
Melynda: Ben oui madame une chèvre c'est utile! Ca fait du fromage!
Kevin: Du fromage de chèvre? Tu sais si le Caprice des Dieux c'est fait avec du fromage de chèvre?
Enzo: Non, de vache, je crois...

Kevin (à Jean-Dylan): Mais bien sûr! Et mes fesses, c'est du KFC? (constatant que je note cette superbe expression pour la mettre sur ce blog plus tard). Madame, vous savez ce que c'est du KFC ou vous avez besoin que je vous explique?

jeudi 10 décembre 2015

Tas de fainéants!

Un élève de collège, c'est un ado.
Un ado, c'est toujours fatigué. Paraît que c'est la croissance qui veut ça.
Alors parfois, il faut beaucoup, beaucoup les encadrer.

Kevin: Madame, il faut faire quoi sur la feuille?
Mme Mélu: Tu vois les trous dans le texte?
Kevin: Oui...
Mme Mélu: Tu vois la liste de mots à côté?
Kevin: Oui....
Mme Mélu: Tu vois pas un lien possible?
Kevin: Ah ça y est j'ai compris.
Et ne pas s'offusquer de leurs petites ambitions.

Mme Mélu: Prenons un exemple, donnez-moi un verbe très compliqué.
Kevin: Etre?

Mme Mélu: Et n'oubliez pas de soigner votre langage dans la rédaction!
Kevin: Ah mais ça veut dire qu'il faut mettre les points et tout? Oh mais madame, c'est trop dur de mettre des points à la fin de toutes les phrases! 
 Ni de leurs raccourcis verbaux:
Kevin: Madame, je vais jeter mon chewing-gum, il a plus de goût de toute façon!
Mme Mélu: tu pourrais au moins éviter de fanfaronner et faire semblant d'être conscient de ton infraction. Du genre "excusez-moi madame, j'ai oublié de jeter mon chewing-gum en entrant, je vais réparer cela immédiatement si vous le permettez..."
Kevin: C'est pas un peu trop poli?
Et saluons plutôt leur conscience politique stimulée par cette même fainéantise:
Kevin: On va en lire beaucoup, madame, des livres?
Mme Mélu: Les programmes disent d'en lire au moins six par an. C'est la loi.
Kevin: Ah c'est les ministres, ça, les mêmes qui veulent nous enlever des vacances. 

jeudi 3 décembre 2015

Angoisse de la page blanche

Une des parties les plus fastidieuses de mon travail est la correction des rédactions. Il faut dire que juger en même temps du contenu, de la cohérence et de la qualité de langue française est un exercice de haut vol. A la décharge des élèves, mobiliser en même temps toutes ces compétences n'est pas toujours simple: n'est pas Victor Hugo qui veut (ni Marc Lévy d'ailleurs...)
Encore faut-il trouver quelque chose à raconter sur toutes ces lignes!

Il y a les gros manques d'inspiration:
"Un jour, il alla dans la forêt, ramasser des feuilles..."
(C'était peut-être pas la saison des champignons...)

Il y a aussi les très inspirés qui font dans la démesure pour être sûr qu'il se passe quelque chose dans leur prose :
"Le mariage fut désastreux: plus de cinquante morts".
 Il y a surtout ceux qui oublient parfois qu'ils vont être lus et même corrigés par quelqu'un. Quelqu'un qui va peut-être tirer de drôles de conclusion à leur sujet en lisant leurs écrits... Comme lorsqu'ils doivent donner la parole à une jeune actrice juive repérée par les nazis à Berlin en 1933 (vous reconnaitrez le très beau roman de Kressman Taylor Inconnu à cette adresse)

"J'ai le bonheur de t'annoncer que je joue à Berlin. Ma vie est un désastre"

"Je suis poursuivie par les nazis, je viens de me réfugier dans une cave, je n'ai pas mangé depuis trois jours et ma blessure me fait vraiment mal. A part ça, j'espère que tu vas bien".
Mais sur quelle planète vivez-vous?
"Je suis poursuivie par Iclair"
Ah. Pas la Terre visiblement. Chez nous, Adolf, il s'appelait pas tout à fait comme ça.
"PS: j'ai peur."
#cestlamerde


Et pour finir en beauté, le top 3 des meilleurs arguments d'embauche donnés dans les lettres de motivation fictives que je leur ai proposé d'écrire:

N°3: parce que moi aussi j'ai envie de torturer des élèves, j'ai plein d'idées!
N°2: parce que j'aime le nom de votre rue!
N°1: parce que je cherche un truc pas difficile!